Lucien
Putz (...) lance un petit livre d’une cinquantaine de pages pour
crier son besoin d’une réorientation de la politique.
Il traduit avec des mots simples, des mots forts le sentiment de beaucoup de citoyens d’être dépossédés de la démocratie. Son parti pris d’oralité donne une force particulière aux phrases. Celles-ci ne s’alignent pas comme dans la prose habituelle. Elles sont coupées, à la façon des vers libres et acquièrent de la sorte un rythme scandé.
Il traduit avec des mots simples, des mots forts le sentiment de beaucoup de citoyens d’être dépossédés de la démocratie. Son parti pris d’oralité donne une force particulière aux phrases. Celles-ci ne s’alignent pas comme dans la prose habituelle. Elles sont coupées, à la façon des vers libres et acquièrent de la sorte un rythme scandé.
Comme
L. Putz joue avec des répétitions, des reprises, ses propos
prennent le chemin d’une sorte d’incantation, de litanie
musicale. La persuasion naît en partie de ces réitérations soit
dans les mots, soit dans la structure syntaxique sous forme de
questionnement ou d’énumérations, par exemple. Et, puisque c’est
d’abord un livre, la typographie vient ajouter un impact visuel à
celui des idées : usage périodique des italiques ou de caractères
gras, syntagmes en capitales…
Mais
la forme n’est que l’emballage. Le fond, lui, importe avant tout.
Notre pamphlétaire s’adresse donc à nos élus. Il leur rappelle
la confiance qui fut mise sur eux. Il dit sa colère de voir que la
démocratie n’est pas ce qu’il (et nous aussi) espérait.
Il
en esquisse les étapes historiques. Il décrit les manœuvres pour
former des gouvernements. Il comprend la nécessité de tenir compte
du réel au détriment de l’utopie. Mais il a du mal à admettre
comment s’est instauré un système inéquitable alors qu’on
cherchait à mettre en commun. Au moyen de l’Europe, notamment.
Ce
qu’il n’arrive plus à comprendre (et nous aussi) c’est que les
décisions politiques finissent par se prendre par des commissions
alors que le parlement européen s’y était auparavant opposé. Et
de s’interroger alors sur la loi qui a remplacé la loi divine :
celle du marché. Bonne à l’origine mais dévoyée désormais au
profit des profits.
Après
avoir admis que le bien collectif doit passer avant les libertés
individuelles, il ne parvient pas à agréer que la finalité de pas
mal de décrets, dès qu’ils sont liés à l’économique,
finissent par favoriser la spéculation, la finance internationale
sacrifiant tout sous prétexte du prétendu pouvoir de l’offre et
de la demande. En finale, c’est bien de ce dévoiement dont il est
question. Et c’est cela que L. Putz envoie aux élus, actuels et
futurs : comment s’y opposer ? comment si on n’y parvient pas
éviter un soulèvement contestataire de plus en plus prévisible ?
Michel Voiturier, Le Non-Dit n.97
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