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dimanche 2 juin 2013

Hommes politiques : attention danger de mort démocratique - Michel Voiturier

Lucien Putz (...) lance un petit livre d’une cinquantaine de pages pour crier son besoin d’une réorientation de la politique.
Il traduit avec des mots simples, des mots forts le sentiment de beaucoup de citoyens d’être dépossédés de la démocratie. Son parti pris d’oralité donne une force particulière aux phrases. Celles-ci ne s’alignent pas comme dans la prose habituelle. Elles sont coupées, à la façon des vers libres et acquièrent de la sorte un rythme scandé.
Comme L. Putz joue avec des répétitions, des reprises, ses propos prennent le chemin d’une sorte d’incantation, de litanie musicale. La persuasion naît en partie de ces réitérations soit dans les mots, soit dans la structure syntaxique sous forme de questionnement ou d’énumérations, par exemple. Et, puisque c’est d’abord un livre, la typographie vient ajouter un impact visuel à celui des idées : usage périodique des italiques ou de caractères gras, syntagmes en capitales…
Mais la forme n’est que l’emballage. Le fond, lui, importe avant tout. Notre pamphlétaire s’adresse donc à nos élus. Il leur rappelle la confiance qui fut mise sur eux. Il dit sa colère de voir que la démocratie n’est pas ce qu’il (et nous aussi) espérait.
Il en esquisse les étapes historiques. Il décrit les manœuvres pour former des gouvernements. Il comprend la nécessité de tenir compte du réel au détriment de l’utopie. Mais il a du mal à admettre comment s’est instauré un système inéquitable alors qu’on cherchait à mettre en commun. Au moyen de l’Europe, notamment.
Ce qu’il n’arrive plus à comprendre (et nous aussi) c’est que les décisions politiques finissent par se prendre par des commissions alors que le parlement européen s’y était auparavant opposé. Et de s’interroger alors sur la loi qui a remplacé la loi divine : celle du marché. Bonne à l’origine mais dévoyée désormais au profit des profits.
Après avoir admis que le bien collectif doit passer avant les libertés individuelles, il ne parvient pas à agréer que la finalité de pas mal de décrets, dès qu’ils sont liés à l’économique, finissent par favoriser la spéculation, la finance internationale sacrifiant tout sous prétexte du prétendu pouvoir de l’offre et de la demande. En finale, c’est bien de ce dévoiement dont il est question. Et c’est cela que L. Putz envoie aux élus, actuels et futurs : comment s’y opposer ? comment si on n’y parvient pas éviter un soulèvement contestataire de plus en plus prévisible ?
Michel Voiturier, Le Non-Dit n.97

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